Correction du commentaire littéraire
Correction du commentaire littéraire
Problématique : en quoi le regard de Gocéné est-il critique ?
Ou : quel sens revêt la description de la ville de Paris ?
I. (De quoi s’agit-il ?)Une évocation de Paris
- Gocéné, observateur
- Description prise en charge par le personnage : présence d’un indice de première personne « je » et d’un adjectif possessif « mon » qui le confirment.
- Evocation menée sous l’angle d’une focalisation interne. Le point de vue est subjectif. La ville sera vraisemblablement colorée par les perceptions de Gocéné.
- Le texte utilise abondamment la 4ème personne « nous » : ce pronom désigne l’ensemble des compagnons d’infortune.
- Ainsi, Gocéné fait figure de porte-parole. Il symbolise même le double de l’auteur.
- La position de l’observateur
- La première phrase précise le cadre dans lequel se trouve l’observateur « Nous sommes entrés dans la ville ».
- Du coup, la description se trouve justifiée d’un point de vue dramatique (au sens grec d’action) : en effet, le lecteur découvre la ville en même temps que Gocéné.
- Des indices de lieu permettent de situer le personnage au sein de la ville « le traverser, sur le trottoir, au coin de la rue » : Gocéné se trouve ainsi au cœur même de la ville. On peut donc penser que la perception qu’il en aura sera plus complète.
- La découverte d’une ville, Paris
- Le texte repose sur des indices géographiques qui permettent de situer le cadre de la description : « le boulevard, au coin de la rue Claude-Decaen ». Il s’agit de Paris.
- Le passage repose sur le registre réaliste : la présence de détails urbains « publicités électriques, lumières, restaurants, phares des autos… » authentifient la représentation.
II. (Comment ce thème est-il traité ?) : Une ville marquée par une violence extrême
- Une animation intense
- La première caractéristique que Gocéné repère est le grouillement parisien.
- Pour en rendre compte, il utilise le lexique des sens qui sature le passage : la vue « les publicités électriques, les lumières des candélabres, des restaurants, les phares des autos », l’ouïe avec la mention des « automobile(s), les moteurs, en braillant, le rythme d’une chanson, les haut-parleurs, entonner le refrain, chanter, leurs cris, raffut d’un train ».
- Vie assourdissante.
- Le style participe de ce constat : les jeux d’énumération « une jungle de pierres, de métal, de bruit, de danger, les publicités électriques, les lumières, des restaurants, les phares… » imposent une lecture asphyxiante à l’image de la ville.
- Un lieu d’anonymat
§ Indépendamment de cette vie, il semble que l’homme y ait peu de place.
§ Présence humaine réduite à deux groupes d’individus : Gocéné, ses compagnons et quelques parisiens fêtards.
§ Ils sont présentés de manière impersonnelle par le pronom collectif « ils ».
§ La communication entre les deux groupes est minimale « ils étaient trop saouls pour s’enquérir de qui nous étions (…) ils ne se sont même pas aperçus que nous avions emprunté leur sillage (…) » ou marquée par l’incompréhension (le refrain).
§ Etres transparents les uns par rapport aux autres.
- Une violence à peine camouflée
§ La froideur des rapports humains peut se justifier par la violence qui s’abat sur la ville.
§ La violence urbaine se marque par des termes forts « de danger, risquer notre vie, failli mourir mille fois » qui connotent la mort.
§ Gocéné se considère comme exclu de la ville qui l’accueille : il indique son caractère inhospitalier par les expressions « hostile, nous étions rejetés sur le trottoir ».
III. Une vision critique de Paris
- Une ville jungle
- Sorte de renversement ironique : la ville est plus jungle que ne l’est la jungle elle-même.
- Gocéné décrit Paris en utilisant une longue métaphore filée de la nature sauvage « un véritable fleuve automobile, comment le franchir, les moteurs se mettent à rugir, comme des naufragés sur un rivage hostile (comparaison), leurs cris se sont noyés ».
- Paris est ainsi une brousse où l’homme est un loup pour l’homme.
2. Un monde absurde
§ Le regard étranger permet de révéler l’image du monde dans lequel nous vivons.
§ Il est, selon Gocéné, absurde.
§ Procédé utilisé dès le XVIII siècle par les Philosophes des Lumières : Montesquieu crée deux personnages persans Rica et Usbeck qui vont livrer au sein du roman Les Lettres persanes leur vision de la société parisienne.
§ Ce monde est un non sens : des jeux d’antithèses le traduisent « transformaient la nuit en jour, failli mourir mille fois au cours de ces quelques premières heures de liberté, il suffisait que nous nous décidions à le traverser pour que les moteurs se remettent à rugir ».
A vous de conclure !