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Français classe de seconde 2

3 avril 2006

Correction du commentaire littéraire

Correction du commentaire littéraire

Problématique : en quoi le regard de Gocéné est-il critique ?

Ou : quel sens revêt la description de la ville de Paris ?

I.                   (De quoi s’agit-il ?)Une évocation de Paris

  1. Gocéné, observateur

    • Description prise en charge par le personnage : présence d’un indice de première personne « je » et d’un adjectif possessif « mon » qui le confirment.
    • Evocation menée sous l’angle d’une focalisation interne. Le point de vue est subjectif. La ville sera vraisemblablement colorée par les perceptions de Gocéné.
    • Le texte utilise abondamment la 4ème personne « nous » : ce pronom désigne l’ensemble des compagnons d’infortune.
    • Ainsi, Gocéné fait figure de porte-parole. Il symbolise même le double de l’auteur.

  1. La position de l’observateur

    • La première phrase précise le cadre dans lequel se trouve l’observateur « Nous sommes entrés dans la ville ».
    • Du coup, la description se trouve justifiée d’un point de vue dramatique (au sens grec d’action) : en effet, le lecteur découvre la ville en même temps que Gocéné.
    • Des indices de lieu permettent de situer le personnage au sein de la ville « le traverser, sur le trottoir, au coin de la rue » : Gocéné se trouve ainsi au cœur même de la ville. On peut donc penser que la perception qu’il en aura sera plus complète.

  1. La découverte d’une ville, Paris

    • Le texte repose sur des indices géographiques qui permettent de situer le cadre de la description : « le boulevard, au coin de la rue Claude-Decaen ». Il s’agit de Paris.
    • Le passage repose sur le registre réaliste : la présence de détails urbains « publicités électriques, lumières, restaurants, phares des autos… » authentifient la représentation.

II.                (Comment ce thème est-il traité ?) : Une ville marquée par une violence extrême

  1. Une animation intense

    • La première caractéristique que Gocéné repère est le grouillement parisien.
    • Pour en rendre compte, il utilise le lexique des sens qui sature le passage : la vue « les publicités électriques, les lumières des candélabres, des restaurants, les phares des autos », l’ouïe avec la mention des « automobile(s), les moteurs, en braillant, le rythme d’une chanson, les haut-parleurs, entonner le refrain, chanter, leurs cris, raffut d’un train ».
    • Vie assourdissante.
    • Le style participe de ce constat : les jeux d’énumération « une jungle de pierres, de métal, de bruit, de danger, les publicités électriques, les lumières, des restaurants, les phares… » imposent une lecture asphyxiante à l’image de la ville.

  1. Un lieu d’anonymat

§         Indépendamment de cette vie, il semble que l’homme y ait peu de place.

§         Présence humaine réduite à deux groupes d’individus : Gocéné, ses compagnons et quelques parisiens fêtards.

§         Ils sont présentés de manière impersonnelle par le pronom collectif « ils ».

§         La communication entre les deux groupes est minimale « ils étaient trop saouls pour s’enquérir de qui nous étions (…) ils ne se sont même pas aperçus que nous avions emprunté leur sillage (…) » ou marquée par l’incompréhension (le refrain).

§         Etres transparents les uns par rapport aux autres.

  1. Une violence à peine camouflée

§         La froideur des rapports humains peut se justifier par la violence qui s’abat sur la ville.

§         La violence urbaine se marque par des termes forts « de danger, risquer notre vie, failli mourir mille fois » qui connotent la mort.

§         Gocéné se considère comme exclu de la ville qui l’accueille : il indique son caractère inhospitalier par les expressions « hostile, nous étions rejetés sur le trottoir ».

III.               Une vision critique de Paris

  1. Une ville jungle

    • Sorte de renversement ironique : la ville est plus jungle que ne l’est la jungle elle-même.
    • Gocéné décrit Paris en utilisant une longue métaphore filée de la nature sauvage « un véritable fleuve automobile, comment le franchir, les moteurs se mettent à rugir, comme des naufragés sur un rivage hostile (comparaison), leurs cris se sont noyés ».
    • Paris est ainsi une brousse où l’homme est un loup pour l’homme.

2. Un monde absurde

§         Le regard étranger permet de révéler l’image du monde dans lequel nous vivons.

§         Il est, selon Gocéné, absurde.

§         Procédé utilisé dès le XVIII siècle par les Philosophes des Lumières : Montesquieu crée deux personnages persans Rica et Usbeck qui vont livrer au sein du roman Les Lettres persanes leur vision de la société parisienne.

§         Ce monde est un non sens : des jeux d’antithèses le traduisent « transformaient la nuit en jour, failli mourir mille fois au cours de ces quelques premières heures de liberté, il suffisait que nous nous décidions à le traverser pour que les moteurs se remettent à rugir ».

A vous de conclure !

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2 avril 2006

Correction de la question sur le corpus Le corpus

Correction de la question sur le corpus

Le corpus proposé, unifié autour de l’objet d’étude la tragédie, le tragique, comporte deux extraits différents, la scène 2 de l’acte I de Bérénice de Jean Racine et un extrait de

La Dramaturgie

classique en France de Jacques Schérer. Ce passage théorise des années plus tard une pratique courante chez Racine : l’utilisation du monologue comme forme du discours théâtral.

            L’examen critique auquel se livre Jacques Schérer énonce trois reproches majeurs : le premier repose sur le caractère invraisemblable du monologue. On peut, en effet, juger artificielle la situation de communication dans laquelle Antiochus est placé, seul, sur scène. En tant qu’art de la mimésis, c’est-à-dire de la représentation de la vie, on a du mal à concevoir qu’un personnage puisse converser avec lui-même.

Deux autres critiques entachent la pratique du monologue : sa longueur (celui de la scène 2 comporte 32 vers), sa fréquence (Bérénice en contient 4).

            Toutefois, Schérer justifie l’emploi de ce ressort dramaturgique : il permet, selon lui, l’expression d’une « passion violente » c’est-à-dire d’émotions si fortes qu’elles ne peuvent plus être contenues. Dans notre scène, en effet, Antiochus fait figure d’amoureux éconduit : il est toujours épris de Bérénice mais s’apprête à quitter Rome. Il laisse déborder sa souffrance amoureuse par les tortures morales dont il est victime et par des manifestations physiques. Son désespoir est si intense qu’il envisage de mourir (vers 34). Le ton de la déploration (avec les interjections « hélas » aux vers 40 et 49) et l’emploi d’adverbes à valeur d’irrévocable « toujours », aux vers 35 et 36, « jamais », au vers 50, en font une scène pathétique. La violence de ses sentiments est si forte qu’il se dédouble même ou qu’il feint de dialoguer avec Bérénice. Racine, par ce procédé, brise l’artifice d’un long monologue.

Enfin, Schérer semble sensible à la poésie du monologue c’est-à-dire à l’usage poétique qu’il fait de la langue. Il est notamment perceptible dans la construction savante du texte : l’hésitation du personnage est rendue par la composition en deux parties d’égale importance. Les deux ensembles se terminent par une décision contradictoire « partons sans lui déplaire » et son écho symétrique final « parlons ». Les deux impératifs, leur homophonie presque parfaite, leur place avant et après la césure, accentuent encore l’opposition. En outre, chacun des deux ensembles est l’exact reflet de l’autre. Si on les décompose, on obtient une construction en miroir avec pour axe de symétrie le sursaut classique « Eh quoi ! ». Ainsi, c’est ce savant travail de composition qui reflète le caractère poétique de ce monologue.

A vous de conclure !

Objectif : étude du dénouement de Bérénice de Jean Racine

Acte V scène 7

  1. Sens du terme et exigences du dénouement tragique classique

Dénouer c’est dé-nouer c’est-à-dire desserrer le nœud complexe de l’histoire.

Le dénouement tragique est un exercice exigeant qui suppose d’être:

  • Bref (ou rapide) pour concentrer l’émotion
  • Complet (le sort de tous les personnages doit être fixé)
  • Nécessaire (c’est-à-dire qu’il ne doit pas laisser la place au hasard).

En outre, au XVII siècle, il doit respecter :

  • Les bienséances : pas de mort ni de sang sur scène pour éviter de choquer. Du coup, le récit se substitue à l’action pour évoquer les scènes sanglantes. Exemple : la mort d’Hippolyte dans Phèdre de Racine est annoncée par Théramène dans une description vive et animée, procédé de l’hypotypose.
  • Respect de la vraisemblance, liée à la notion de nécessité.

Alors que la mort constitue le dénouement attendu de toute tragédie, Racine la refuse : en effet, la mort par suicide apparaît dans les deux dernières scènes comme issue inéluctable de l’action pour chacun des trois personnages. Elle représente l’horizon d’attente tragique jusqu’à la réplique finale de Bérénice.

  1. Le refus de la mort et du sang ou l’originalité du dénouement de Bérénice :

Dans sa Préface, Racine énonce une conception différente du dénouement tragique. Pour lui,  les critères essentiels sont : la grandeur de l’action qui implique l’héroïsme des personnages, la supériorité du destin, le conflit intérieur amenant le héros à se dépasser (d’où l’admiration du spectateur pour Titus, entre autres), la violence des passions (le couple amour/jalousie dans la pièce), la tristesse majestueuse (mélancolie exprimée par le registre élégiaque, accablement du héros désabusé exprimé par le registre pathétique).

La triple tentation du suicide a été repoussée. Racine a jugé bon de s’expliquer dans sa préface : ce n’est pas un refus du tragique mais au contraire un sursaut pour l’assumer totalement puisque les personnages resteront éternellement séparés.

La fin est exemplaire : la dernière trace de l’action s’achève avec le revirement de Bérénice qu’annonçaient déjà son silence et le « hélas » de la scène précédente. Antiochus a oublié sa « rage » pour payer les dieux de son sang selon le rituel romain ; Titus se tait ; Bérénice veut croire que Titus l’aimera toujours. La reine fixera pour toujours cette sublimation de l’amour.

La fin reste tragique : la tension tragique n’est plus liée au conflit entre gloire et amour, au dilemme mais bien plutôt aux contradictions de la nature humaine : les personnages veulent désespérément atteindre une perfection illusoire, sauver l’image idéale qu’ils se font d’eux-mêmes. Mais finalement dans leurs actes, aucun n’échappe à la loi romaine. C’est dans cet écart entre l’image qu’ils veulent donner d’eux et leur être que se situe la déchirure tragique.

Module

Objectif : méthodologie de la dissertation littéraire

Comment analyser un sujet afin de dégager une problématique ?

  1. Définition

La dissertation littéraire constitue l'un des trois sujets à l’écrit de l’Epreuve Anticipée de Français. Comme les deux autres exercices, il est noté sur 16 points dans les séries générales et sur 14 points dans les séries technologiques.

La dissertation est littéraire en ce qu’elle porte sur une problématique littéraire ou objets d’étude au programme de la classe de première.

  1. Exemple de sujet

Sujet proposé :

Dans Notes et contre-Notes (1960), Eugène Ionesco définit le tragique de la façon suivante : « Le tragique : lorsque dans une situation exemplaire, tout le destin humain se joue ». Vous expliquerez et discuterez cette définition du tragique.

Ce sujet comporte trois phases :

Une phase de contextualisation (en gras)

Le sujet à proprement parler (en italique)

Une orientation pour le plan de votre devoir

  1. Démarche à adopter

  1. S’interroger sur la contextualisation

Dans le cadre d’un sujet de baccalauréat, vous aurez à disposition l’ensemble du corpus qui vous fournira des informations sur le contexte.

Ici, ce n’est pas le cas mais l’on peut tirer quelques éléments à partir de la phrase en caractère gras :

  • 1960 : Notes et contre-Notes constitue une œuvre moderne
  • Définit le tragique : il peut s’agir d’un essai sur le théâtre qui tente de définir les caractéristiques du tragique, entre autres.
  • Ionesco est homme roumain de théâtre (la cantatrice chauve, la leçon, Rhinocéros) et théoricien

  1. Analyser le sujet

1ère phase : repérage des termes clés (les plus importants)

Le tragique/ une situation exemplaire/ tout le destin humain se joue

2ème phase : donner une définition de ces termes

§         Le tragique= c’est un registre qu’il ne faut pas confondre avec la tragédie

§         Une situation exemplaire = une situation qui peut constituer un modèle (mais de quoi ? et pour qui ?) : un modèle… une conduite à tenir, un rôle à respecter pour soi, pour d’autres, pour l’humanité entière.

§         Tout le destin humain se joue= toute la vie d’un individu-personnage bascule

3ème phase : on reformule le sujet en utilisant les définitions que l’on a données des termes clés

Le registre tragique s’illustre lorsque toute la vie d’un individu-personnage bascule face à une situation-modèle qu’il vit pour lui, pour d’autres, pour l’humanité entière.

4ème étape (la plus difficile) : tenter de repérer dans le sujet une forme d’opposition entre ses termes, une forme de contradiction ou de partialité trop grande.

A voir ensemble !!

Lisez ce blog régulièrement. N'ayant pas encore eu le temps de tout taper, je reviendrai vers vous ce soir ou demain.

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